Mémoire

LA LÉGION ÉTRANGÈRE COMMÉMORE LA BATAILLE DE CAMERONE A FOUGERÉ

Publié le 27 avril 2024

Samedi 27 avril 2024

 

Conformément à la tradition profondément établie partout dans le monde, la Légion Étrangère et ses anciens se rassemblent annuellement pour fêter Camerone. Le colonel Bernard Alleoud, président, ainsi que les membres de l’Amicale des Anciens de la Légion Étrangère de la Vendée ont organisé sur la commune de Fougeré, le samedi 27 avril, la commémoration du 161ème anniversaire des combats de Camerone.

 

Quelles que soient les circonstances, les difficultés, les joies et les peines, en tous lieux, la Légion fête avec tout l’éclat possible, tous les ans, l'anniversaire de Camerone, petit village du Mexique.

 

Le capitaine Danjou et ses hommes de la 3ème compagnie du 1er bataillon du régiment étranger ont donné la gloire de Camerone à la Légion Etrangère. Le nom de la célèbre hacienda est devenu symbole des plus hautes vertus militaires dont la première est la fidélité à la parole donnée. Les légionnaires de Camerone se sont battus avec courage et abnégation jusqu'au bout pour la réussite de la mission. Bien qu'isolés, leur détermination a été inébranlable. Ils n'ont pas cédé, ils ne se sont pas laissés impressionner par l'écrasante majorité des ennemis. Bien qu’anéantis à la fin du combat, leur attitude a inspiré à l'ennemi le respect. On ne refuse rien à des hommes que l'on admire.

 

Unis dans le souvenir et le recueillement les légionnaires ont souhaité, tous ensemble, perpétuer à Fougeré ce rituel immuable et revivre avec passion cet épisode fondateur de l'histoire et de l'esprit « Légion » ; A cette occasion ils ont réaffirmé leur attachement aux magnifiques vertus qui font sa renommée bien au-delà de nos frontières et dans tous les pays où étaient présents les légionnaires. Ils se sont souvenus de ces 60 braves dont le sacrifice suprême incarne ses valeurs fondamentales telles que la fidélité à la parole donnée et le caractère sacré de la parole donnée et de la mission.

 

Cette cérémonie s’est déroulée en quatre phases :

  • Tout d'abord la montée des couleurs. Le drapeau tricolore était accompagné de la flamme aux couleurs de la Légion, cette flamme flotte partout dans le monde où la Légion est présente.
  • S’en est suivie la remise de la médaille commémorative d'Afrique du Nord à Monsieur Rémi Barbeau et l'insigne de porte-drapeau à Monsieur Michel Macquigneau.
  • Dans un troisième temps, le temps fort, la lecture du récit de Camerone.
  • La cérémonie s’est terminée en rendant hommage aux morts de la Légion par des dépôts de gerbe la première était celle des parachutistes, la seconde celle de la Légion Etrangère et enfin celle de la commune de Fougeré.

 

À l'issue de la cérémonie a été mis en place l'ordre pour le défilé vers la salle d'honneur. Cela a été suivi par une aubade de la fanfare de Sainte-Cécile puis par le vin d'honneur servi par la municipalité de Fougeré. A cette occasion le Maire, Monsieur Manuel Guibert a tenu à remercier les légionnaires d’avoir choisi sa commune pour organiser cette commémoration.

 

LE RÉCIT DE CAMERONE

 

« L’armée française assiégeait Puebla. La Légion avait pour mission d’assurer, sur cent vingts kilomètres, la circulation et la sécurité des convois. Le colonel Jeanningros, qui commandait, apprend, le 29 avril 1863, qu’un gros convoi emportant trois millions en numéraire, du matériel de siège et des munitions était en route pour Puebla. Le capitaine Danjou, son adjudant-major, le décide à envoyer au-devant du convoi, une compagnie. La 3e compagnie du Régiment étranger fut désignée mais elle n’avait pas d’officier disponible. Le capitaine Danjou en prend lui-même le commandement et les sous-lieutenants Maudet, porte-drapeau, et Vilain, payeur, se joignent à lui volontairement.

Le 30 avril, à 1 h du matin, la 3eme compagnie, forte de trois officiers et soixante-deux hommes, se met en route. Elle avait parcouru environ vingt kilomètres, quand, à 7 h du matin, elle s’arrête à Palo Verde pour faire le café. À ce moment, l’ennemi se dévoile et le combat s’engage aussitôt. Le capitaine Danjou fait former le carré et, tout en battant en retraite, repousse victorieusement plusieurs charges de cavalerie, en infligeant à l’ennemi les premières pertes sévères.

Arrivé à la hauteur de l’auberge de Camerone, vaste bâtisse comportant une cour entourée d’un mur de trois mètres de haut, il décide de s’y retrancher, pour fixer l’ennemi, et retarder ainsi le plus possible le moment où celui-ci pourra attaquer le convoi.

Pendant que les hommes organisent à la hâte la défense de cette auberge, un officier mexicain, faisant valoir la grosse supériorité du nombre, somme le capitaine Danjou de se rendre. Celui-ci fait répondre : « Nous avons des cartouches et ne nous rendrons pas ». Puis, levant la main, il jura de se défendre jusqu’à la mort et fit prêter à ses hommes le même serment. Il était 10 h. Jusqu’à 18 h, ces soixante hommes, qui n’avaient pas mangé ni bu depuis la veille, malgré l’extrême chaleur, la faim, la soif, résistent à 2 000 Mexicains : huit cents cavaliers, mille deux cents fantassins.

À midi, le capitaine Danjou est tué d’une balle en pleine poitrine. À 2 h, le sous-lieutenant Vilain tombe, frappé d’une balle au front. À ce moment, le colonel mexicain réussit à mettre le feu à l’auberge.

Malgré la chaleur et la fumée qui viennent augmenter leurs souffrances, les légionnaires tiennent bon, mais beaucoup d’entre eux sont frappés. À 5 h, autour du sous-lieutenant Maudet, ne restent que douze hommes en état de combattre. À ce moment, le colonel mexicain rassemble ses hommes et leur dit de quelle honte ils vont se couvrir s’ils n’arrivent pas à abattre cette poignée de braves (un légionnaire qui comprend l’espagnol traduit au fur et à mesure ses paroles). Les Mexicains vont donner l’assaut général par les brèches qu’ils ont réussi à ouvrir, mais auparavant, le colonel Milan adresse encore une sommation au sous-lieutenant Maudet ; celui-ci la repousse avec mépris.

L’assaut final est donné. Bientôt il ne reste autour de Maudet que cinq hommes : le caporal Maine, les légionnaires Catteau, Wensel, Constantin, Leonhard. Chacun garde encore une cartouche ; ils ont la baïonnette au canon et, réfugiés dans un coin de la cour, le dos au mur, ils font face. À un signal, ils déchargent leurs fusils à bout portant sur l’ennemi et se précipitent sur lui à la baïonnette. Le sous-lieutenant Maudet et deux légionnaires tombent, frappés à mort. Maine et ses deux camarades vont être massacrés quand un officier mexicain se précipite sur eux et les sauve. Il leur crie : « Rendez-vous ! »

« Nous nous rendrons si vous nous promettez de relever et de soigner nos blessés et si vous nous laissez nos armes ». Leurs baïonnettes restent menaçantes.

« On ne refuse rien à des hommes comme vous ! », répond l’officier.

Les soixante hommes du capitaine Danjou ont tenu jusqu’au bout leur serment. Pendant 11 heures, ils ont résisté à deux mille ennemis, en ont tué trois cents et blessé autant. Ils ont par leur sacrifice, en sauvant le convoi, rempli la mission qui leur avait été confiée.

L’empereur Napoléon III décida que le nom de Camerone serait inscrit sur le drapeau du Régiment étranger et que, de plus, les noms de Danjou, Vilain et Maudet seraient gravés en lettres d’or sur les murs des Invalides à Paris.

En outre, un monument fut élevé en 1892 sur l’emplacement du combat. Il porte l’inscription :

 

« Ils furent ici moins de soixante opposés à toute une armée, sa masse les écrasa.

La vie plutôt que le courage abandonna ces soldats Français le 30 avril 1863.

A leur mémoire, la patrie éleva ce monument. Depuis, lorsque les troupes mexicaines passent devant le monument, elles présentent les armes. »

 

Michel Montalétang