Mémoire

GENDARME EN ZONE DE GUERRE AFGHANISTAN 2011

Publié le 20 novembre 2024
Crédit: Jacques Guibot

Conférence du colonel Pellabeuf Commandant le Groupement de Gendarmerie Départementale de la Vendée

Le mercredi 20 novembre, plus de 70 compagnons et leurs amis se sont réunis à la Maison du Combattant de La Roche-sur-Yon pour assister à une conférence prononcée par le colonel Pellabeuf retraçant l’intervention d’une unité de gendarmerie, au plus fort du conflit en Afghanistan en 2011.

Non sans humour, le colonel, dans un premier temps, a décrit son parcours militaire qui, du Prytanée militaire de la Flèche à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr, l’a conduit à prendre le commandement d’un escadron de Gendarmerie Mobile, après avoir servi dans l’Armée de Terre (Train Parachutiste) et déjà participé à deux opérations extérieures en Afghanistan et en Côte d’Ivoire.

Dans un second temps, il a précisé les détails de la mission confiée à un détachement de 40 hommes qu’on lui avait demandé de constituer au sein de son escadron, à savoir réaliser des opérations d’accompagnement sur le terrain de policiers afghans, mais également de formation continue à leur profit, et ce dans le cadre global d’une réorientation de la présence militaire occidentale tendant à faire basculer un dispositif très « militaro-centré » vers des actions de rétablissement d’un État de droit en laissant progressivement la main aux forces de sécurité intérieure.

Ce détachement, entraîné préalablement six mois en France, avait vocation à être déployé en Afghanistan, à l’été 2011, dans la zone d’intervention dévolue à l’Armée française dans la province de Kapisa, pour un mandat de six mois en immersion au sein de la 11ème BP.    

La mission très spécifique définie dans un format OTAN exigeait de réunir des compétences techniques variées dans les domaines de l’enquête judiciaire, du renseignement et de l’investigation mais aussi de la contre guérilla et du déplacement en zone hostile.  

À l’aide de photos et de cartes, le colonel a relaté le quotidien des activités de son groupe projeté sur un théâtre d’opérations extérieures particulièrement dangereux, dans le cadre d’une mission originale de formation, de conseil mais surtout d’accompagnement sur le terrain de policiers locaux, à la fois dans des zones urbaines, mais aussi dans le cadre de progression sur des routes non sécurisées ou d’interventions en force dans des zones insurgées, à la recherche de prisonniers ou de caches d’armes.

Opérant à partir de la base opérationnelle avancée de Tagab, sans cesse harcelée par les Talibans, le colonel, alors capitaine commandant l’unité, a relaté son vécu ainsi que celui de ses hommes pendant ces six mois d’engagement intense en terrain hostile, caractérisé à la fois par la peur, l’excitation liée au danger, mais aussi la fraternité d’armes.

Dans un témoignage très direct de plus de deux heures, il a également exposé les rouages dissimulés de cette guerre oubliée où l’ennemi pouvait revêtir divers visages, du fait de l’existence des réseaux complexes d’allégeances familiale, religieuse et tribale pesant sur la population locale.

Avec beaucoup d’émotion, le colonel a également évoqué les blessures cachées que de tels événements peuvent laisser au plus profond des êtres et des familles, non sans témoigner de sa satisfaction d’avoir pu ramener tous les membres de son unité sains et saufs, à l’issue de l’opération.

Cette tranche de vie exceptionnelle, il l’a relatée dans un livre témoignage « Adieu Tagab » (aux éditions Les Belles Lettres) que les participants ont pu acheter, à l’issue de la conférence, avec une dédicace de l’auteur.

Le succès de cette séance de dédicaces (tous les livres à disposition ont été vendus) a amplement démontré que l’ensemble des auditeurs avaient particulièrement apprécié cette conférence, où le colonel avait su restituer avec des mots simples et dans une approche non académique une expérience humaine hors normes, la sienne, bien sûr, mais aussi celle de tous les membres de son détachement confrontés à des situations et des réalités marquées du sceau tragique de la guerre.

B.  BLOT